association musique blues 21
 blues 21
jagoblues
 blues dijon
WALTER TROUT - BROKEN TOUR 2024
19/11/2024
WALTER TROUT - BROKEN TOUR 2024


EN CONCERT LE  19 NOVEMBRE 20H30 À L'ÉCRIN - TALANT
COMPLET

Le concert : 23€
Billetterie réseau France billet :
https://www.fnacspectacles.com/event/walter-trout-broken-tour-lecrin-18725552/

Pass pour les 3 concerts : 50€
Uniquement auprès de Jagoblues : jagoblues@wanadoo.fr



Walter Trout 2024


















Il estcertainement un des meilleurs guitaristes de blues-rock de ces quarante dernières années et sans doute un des derniers à savoir faire vibrer sa guitare avec autant de passion et précision. Il a écrit l'histoire du blues-rock. L’univers, en le laissant défier la mort, a bien voulu le laisser sur Terre pour continuer à faire vibrer les âmes avec passion et précision. Dôté d'une voix légèrement cassée mais puissante et accompagné de rythmes lents et profonds qu’il affectionne tant, Walter Trout fait partie de ces vrais bluesmen qui se transcendent à chaque concert.

Une technicité en or et un style à la croisée de Gary Moore, Billy Gibbons ou Jeff Beck. Si on le compare à ces légendes, ce n’est pas pour rien, c’est qu’il en fait partie. Avec Canned Heat et les Bluesbreakers, il a marqué la musique de son empreinte dès sa jeunesse, prenant vaillamment et sans détour la relève d’Éric Clapton ou de Mick Taylor.

Parce que ce qu’il aime, c’est soulever des cordes sensibles, autant dans ses arpèges et ses accords que dans ses textes. Un artiste virtuose et profondément sensible. Introspectif aussi, sublimant les épreuves de la vie, allant puiser dans sa propre expérience et ses propres doutes des thèmes intemporels, universels, qu’il transforme pour en faire des chansons imparables, apportant optimisme et courage au milieu de l’obscurité. Et c’est tout là l’essence de son blues moderne, sous lequel se dessinent les influences électriques de ses jeunes années.
Une générosité qui s’exprime à plein régime sur scène. Malgré cinquante ans de carrière, aucune lassitude pour ce vieux briscard du blues qui se livre sans arrière-pensée. Qui raconte ses histoires attachantes et ses anecdotes croustillantes. Qui salue ses fans et n’hésite jamais à leur rendre une visite impromptue à la fin de ses prestations. Un grand monsieur en somme, qui n’a plus rien à prouver mais encore beaucoup à partager

Interview de Walter Trout par Philippe Gressier:

Walter Trout : 1er concert en Bourgogne pour un artiste au destin hors du commun.

De la trompette à la guitare, des abus à la rédemption, de guitariste de secours à tête d’affiche mondialement connue, le survivant du Blues s’est confié au Bien Public.

Q : Walter, vous êtes un guitariste reconnu et pourtant, la guitare ne fut pas votre premier instrument.
R : C’est exact, dès l’âge de 5 ans, ma mère m’a initié à la trompette. J’étais très attiré par le jazz, m’imaginant déjà comme le prochain Miles Davis. J’adorais les « Big Bands » et j’ai eu le privilège de rencontrer Duke Ellington le jour de mes 10 ans. Je faisais même partie de la fanfare de mon lycée, ce qui m’a permis d’éviter certains cours et activités que je n’aimais pas.

Q : Comment la guitare est-elle entrée dans votre vie ?
R : Cela s’est fait en 3 étapes et par l’intermédiaire de mon grand frère : il m’a tout d’abord fait découvrir Bob Dylan et j’ai été frappé à la fois par la simplicité des accords mais aussi par les émotions que ses paroles déclenchaient. J’ai donc commencé à jouer sur une guitare acoustique. Ensuite, j’ai vu les Beatles à la télévision dans l’émission d’Ed Sullivan et là, j’ai réalisé qu’il me fallait une guitare électrique. Enfin, en écoutant le guitariste Mike Bloomfield sur le 1er album de Paul Butterfield, j’ai su que j’avais trouvé ma vocation, c’était le type de sons que je voulais créer et, par chance, ma mère m’a toujours beaucoup soutenu.

Q : Quelles ont été les grandes étapes de votre carrière ?
R : Comme beaucoup d’artistes, j’ai commencé dans des groupes qui jouaient des reprises des titres populaires de l’époque, dans les bars le weekend pour faire danser les gens. Selon les besoins, j’étais guitariste ou chanteur. Lorsque mes talents de guitariste ont commencé à être connus, on faisait appel à moi pour « dépanner » lors d’une session en studio ou pour un concert, je suis ainsi passé presque naturellement d’un groupe à l’autre, ce qui m’a permis de parfaire mon éducation musicale en côtoyant des artistes incroyables : je suis ainsi passé du Cover to Cover Blues Band (qui a accompagné John Lee Hooker et Big Mama Thornton notamment) à Canned Heat, puis aux Bluesbreakers de John Mayall.

Q : John Mayall justement, nous a quitté cet été à l’âge de 91 ans. Quel rôle a-t-il joué dans votre carrière ?
R : John a en quelque sorte été mon « père musical », un mentor qui a permis à mon talent de s’épanouir. Durant cette tournée, je lui rends d’ailleurs hommage sur scène. Son exigence m’a poussé à me dépasser pour devenir meilleur. Par exemple, sur son album « Chicago Line », je jouais le solo de guitare du titre « one life to live » et il m’a encouragé à continuer, à puiser toujours plus d’énergie alors que nous enregistrions dans les conditions du « live », ce fut une expérience incroyable. Parallèlement, il a fait preuve d’une patience et d’une bienveillance immense à mon égard pendant mes années d’abus. Malgré les pressions pour me faire quitter son groupe, dans la mesure où je tenais mon rôle sur scène, il m’a toujours soutenu. Il était très généreux et, selon moi, un, des meilleurs auteurs de chansons de Blues.

Q : Le début de votre carrière a été marqué par l’alcool et la drogue, comment avez-vous réussi à tourner la page ?
R : Je suis effectivement très rapidement tombé dans la spirale de l’alcool et de différentes drogues, comme beaucoup dans les années 70. Si, par chance, cela n’affectait pas mon jeu de guitare, cela faisait de moi un individu difficile à supporter. Rendez-vous compte, je suis allé dire à Bruce Springsteen (originaire du New Jersey comme moi) que j’espérais qu’il était doué pour écrire des chansons parce qu’il était nul comme guitariste. Plus tard, en Californie, j’ai dit à Eddie Van Halen que je trouvais son chanteur mauvais. C’était David Lee Roth tout de même ! Pour m’en sortir, là aussi j’ai pu compter sur John Mayall, qui était devenu sobre quelque temps auparavant mais aussi sur Carlos Santana qui, après un concert en 1987, m’a fait comprendre que je gâchais mon talent avec toutes ces substances.

Q : Comment êtes-vous passé du statut de guitariste reconnu à celui d’artiste à part entière ?
R : Ce ne fut pas une décision facile. John m’avait prévenu que si je quittais le groupe pour tenter ma chance en solo, ce n’était pas la peine que je le rappelle 6 mois plus tard en cas d’échec. Mais avoir mon propre groupe, être la tête d’affiche, cela a toujours été mon rêve. Alors j’ai tenté ma chance lors d’un concert au Danemark en 1987 (John Mayall était malade ce soir-là alors Coco Montoya et moi avons assuré le concert), mon 1er album est sorti en 1989, uniquement en Scandinavie, et me voilà aujourd’hui, avec une trentaine d’albums à mon actif !

Q : Comme votre mentor, vous aimez beaucoup l’écriture. Où trouvez-vous l’inspiration, album après album ?
R : j’ai écrit plus de 300 chansons et, dans leur grande majorité, elles racontent une partie de mon histoire : des titres comme « Collingswood » ou « Ride » font référence à mon enfance tourmentée par la violence de mon beau-père, « Destiny » raconte, presque à la façon d’un reporter, la rencontre avec ma femme Marie et « Playing with gloves on » vient de mon refus de rentrer dans un moule, dans un format que ma maison de disques voulait imposer pour la sortie de mon 2ème album. Le plus étonnant est que, parfois, la portée d’une chanson change en fonction d’événements extérieurs que l’artiste ne contrôle pas. La chanson « Go the distance » (sortie sur l’album éponyme début 2001) m’a été inspirée par des gens qui ont baissé les bras au lieu de continuer à poursuivre leurs rêves. Mais après les attentats du 11 septembre cette même année, ce titre a pris une autre dimension en devenant une sorte d’hymne à la résilience pour tout le pays.

Q : L’écriture est donc une forme de thérapie pour vous
R : Absolument, et cela a été particulièrement vrai après ma greffe de foie en 2014. En attendant la greffe, j’ai fait un AVC qui m’a laissé en partie paralysé pendant plusieurs semaines et j’ai du tout réapprendre : à parler, à marcher mais aussi à jouer de la guitare, j’avais tout oublié ! J’ai failli abandonner mais ma famille m’a poussé et m’a donné le choix entre voir un psychologue ou écrire des chansons. J’ai travaillé 6 à 7 heures par jour sur la guitare puis j’ai écrit 18 chansons en 2 jours. 14 de celles-ci composent l’album « Battle Scars ».

Q : En plus de l’écriture de vos propres titres, vous avez dédié un album complet à des reprises de Luther Allison. Quel était votre lien avec lui ?
R : Comme moi, Luther a bénéficié d’une large reconnaissance en Europe avant les USA. Il fait partie des artistes qui m’ont toujours soutenu dans les moments difficiles. La maladie l’a hélas emporté en quelques semaine seulement après la confirmation du diagnostic et je trouvais à l’époque que son talent n’avait pas été assez honoré et j’ai eu peur qu’il ne soit trop vite oublié. Je me réjouis de voir aujourd’hui son fils Bernard lui rendre ce bel hommage. D’ailleurs, c’est moi qui ai recommandé à Bernard celui qui joue aujourd’hui des claviers dans son groupe.

Q : Vous dites aussi que le rôle des arts en général, et la musique en particulier, est de rapprocher les gens.
R : C’est indispensable ! Regardez tout ce qui nous divise aujourd’hui : les médias sociaux, la politique, même le sport parfois. La musique fait partie de ces dernières choses qui nous rassemblent. Même si je suis moi-même très engagé politiquement (je vais d’ailleurs interrompre ma tournée d’automne en Europe pour rentrer voter en Californie début novembre), je n’aborde jamais ce thème dans mes albums ou sur scène. Mon objectif lors de mes concerts est de faire ressortir la part d’humanité des gens pendant 2 heures et de créer une sorte de communauté entre les spectateurs.

Q : Revenons à la musique et à la guitare : sur la plupart de vos pochettes d’album, vous posez avec le même instrument. Quelle est son histoire ?
R : C’est la première Fender Stratocaster que j’ai pu m’offrir dans les années 70. A cette époque, j’étais chanteur dans un groupe de country. Avec mon 3ème cachet, je me suis offert cette magnifique guitare toute blanche qui ne m’a jamais quitté. Le vernis est complètement usé sur les parties en contact avec mon poignet et ma main et, à force de jouer dans des clubs où les gens fumaient, la nicotine a fini par décolorer le reste. Mais aujourd’hui, elle ne sert que pour les photos, elle est rangée précieusement comme le trésor qu’elle est ! Sur scène, j’utilise désormais mon modèle « signature » de chez Delaney Guitars… mais toujours en blanc !

Q : Vous êtes justement célèbre pour vos solos de guitare avec des sonorités caractéristiques. Pourtant, sur « Broken », votre dernier album, le titre « Talking to myself » est très différent
R : Je voulais expérimenter des sonorités « rétro », retrouver l’esprit des années 60 et 70 mais je n’arrivais pas à atteindre le résultat que je souhaitais avec mes guitares habituelles. Dans le studio où nous enregistrions, il y avait une cithare électrique de 1966. Je l’ai essayé et j’ai immédiatement obtenu le son que je souhaitais : vous pouvez écouter le résultat sur l’album. Le son est bien sûr différent lors des concerts avec ma guitare de scène. Nous verrons si je décide de l’interpréter le 19 novembre lors de ma venue à Talant, j’adapte la liste des chansons presque à chaque concert selon le feeling du jour.

Q : Pour conclure, vous avez toujours vécu en bord de mer, depuis votre enfance à Ocean City (New Jersey) à aujourd’hui entre Huntington Beach (Californie) et le Danemark où la mer n’est jamais très loin. Qu’est-ce que cela vous apporte et vous inspire ?
R : C’est vrai, aujourd’hui encore, je vis soit au bord du Pacifique, soit au bord de la Mer du Nord. Enfant, j’allais pêcher en mer avec mon père qui m’a appris que la puissance de l’océan imposait le respect et l’humilité mais que c’était aussi la façon la plus réaliste de visualiser Dieu. Regarder l’océan est toujours quelque chose qui apaise mon esprit, notamment lorsque le soleil se reflète à la surface. On dirait, comme je l’ai écrit dans mon titre « Faithful », des milliers de diamants, comme des âmes qui brillent et me sourient.